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Samedi 21 février : Paris - Queen Alias Airport (Amman)
Ca commence bien, la compagnie qui nous convoie, Virgile, moi et nos vélos, vers Amman, joue les grippe-sous et tente de nous arracher vingt(20) euros par monture pour frais d'emballage... Le comble, c'est qu'il s'agit de KLM la hollandaise, issue du pays du vélo. Une meute d'employés nous tombent dessus, chacun avec son exigence technique, administrative ou financière. On s'en sort finalement sans supplément mais au terme d'âpres discussions. Ensuite, les Paris-Amsterdam et Amsterdam-Amman s'enchaînent. A Amsterdam, on apprécie l'absence de contrôle des bagages à main et du passeport, puis nous arrivons vers minuit dans l'aéroport jordanien.

Dimanche 22 février : Queen Alias Airport - Suaeimeh
La cohue des porteurs nous encercle bien vite après le paiement des visas (10 JD - Jordan Dinar, soit 12 euros environ). Pour justifier un pourboire, chacun de la dizaine de gamins qui nous entourent se bat pour récupérer la pompe et gonfler l'une de nos quatre roues. On se débat dans cette marée de bonne humeur 'charitable', dont on s'extirpe vers 2h du matin. On attend le lever du soleil pour quitter l'aéroport. Mais il n'est pas seul à la sortie. Un vent violent, bien entendu facial, nous cloue au sol. Dépasser les 6 km/h relève de l'exploit. Après deux heures épuisantes, les bourrasques pourtant ininterrompues trouvent de nouvelles ressources ! Impossible de rouler, on descend des vélos...

Encore une heure d'effort, et Mohamed, deux de ses filles, un de ses fils et son pick-up viennent nous libérer : "Are you French ? If you want, you can come to my house and eat my food". Personne n'aurait pu refuser. On charge les vélos dans sa camionnette, on roule 3 km, et on fait une halte fabuleuse dans cette famille ! Ils parlent un bon anglais et préparent une bonne cuisine. Un repas, moult thés et une excellente après-midi plus tard, on retrouve la route, légèrement moins venteuse. Une descente de 30 kilomètres nous attend, elle nous dépose à -400m d'altitude, le plus bas niveau émergé de la planète. La mer Morte est en vue. On plante la tente vers 18h, au coucher du soleil. A la tombée de la nuit, on voit les lumières d'Israël et de Palestine de l'autre côté de la vallée : Jericho, Jerusalem. Une journée bien remplie.

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A vélo

Lundi 23 février : Suaeimeh - Mazra'a
On quitte la tente vers 7h00, un peu après le lever du soleil. Après un petit bout de route le long de la mer Morte, on fait une pause dans un petit boui-boui pour remplir les gourdes. Bien nous en a pris ! Le gars nous conseille une petite cascade ("Like Niagara, but smaller" nous dit-il dans un anglais approximatif. En effet, elle plafonne à 3m de haut...) qui se jette dans une piscine naturelle, elle-même alimentée par une source chaude (45° au moins). On teste les effets de la mer Morte, visqueuse et ultra-salée. Comme prévu, ça marche, on flotte. Il faut prévoir de l'eau pour se rincer, ou se baigner au niveau des stations balnéaires équipées de douches (je crois qu'il y en a deux côté jordanien) tellement le sel assèche la peau. Heureusement, on a notre piscine naturelle à cinq minutes à pied ;-) La suite de la route, sur la Dead Sea Highway offre peu de véhicules, quasiment aucune boutique, quelques contrôles militaires et policiers, et un ciel plutôt dégagé. Le soir, on monte la tente mais la douceur de la soirée et la clarté du ciel nous invitent à poser les duvets dehors.

Mardi 24 février : Mazra'a - désert (entre Feifa et Al Rich
On se sent en sécurité dans ce pays. Les gens que l'on croise et à qui l'on annonce que l'on dort dans le désert au bord de la route trouve ce comportement tout à fait normal, contrairement à d'autres pays (Iran, Maroc) ou le camping sauvage intriguait davantage. La seule menace pourrait venir des chiens errants, mais on prend soin de s'installer suffisamment loin d'un village pour ne pas être embêtés. On reprend la route vers 8h30. Ce matin, on se fait intercepter par des ouvriers responsables de l'enfouissement des lignes électriques. Thé obligatoire. On se régale, on se photographie, on s'échange les adresses, et on reprend la route, encouragés par ces manifestations spontanées de sympathie jordanienne. Plus tard un policier nous arrête. Il nous montre son radar, celui-ci indique 17 km/h. C'est nous !! Il nous a flashé !! Non seulement l'accueil est fabuleux, mais en plus les forces de l'ordre ont de l'humour (et peu de travail). Plus tard un autre policier nous sert un verre de coca frais, en nous expliquant qu'il aime le foot, notamment le RC Lens et le FC Nantes. On clôt la journée par une nouvelle nuit à la belle étoile dans le sable, à quelques dizaines de mètres de la route.

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Mercredi 25 février : Désert - coin perdu (avant Aqaba)
L e trafic routier déjà peu dense la journée ralentit encore la nuit, on dort donc dans le calme. On n'a plus rien pour le petit déjeuner. On sait qu'il y a un restaurant à 15km. Virgile souffre ce matin, le ventre vide. On arrive heureux au relais routier, qui s'avère être un attrape-touristes efficace. Le cadre impeccable justifie le doublement du tarif des consommations. A partir de maintenant, et pour quelques jours, le service dans la plupart des gargottes et restos sera assuré par des Egyptiens. Aujourd'hui, Joda s'occupe de nous, puis il est débordé par l'arrivée d'un car de quarante néerlandais. L'un deux nous dit avec le sourire que leur fierté nationale est blessée par le fait que nous soyons français et non hollandais. On roule bien aujourd'hui, le vent nous aide. De nouveaux thés rythment notre progression vers le sud. L'un d'eux nous est servi par une famille qui promenait enfants et chèvres à travers les maigres touffes de verdures des bordures de la route. On remercie en proposant quelques tours de manège (à vélo) aux deux garçons, ravis de la promenade. L'armée finance une autre infusion. Et comme chaque soir, on met moins de 5 minutes à trouver un terrain adéquat pour passer la nuit.

Virgile et moi

Jeudi 26 février : Coin perdu - Aqaba
Il ne reste plus que de la descente ce matin pour arriver à Aqaba, la cité balnéaire sur la mer Rouge tout au sud du pays. On croise les ouvriers de la compagnie électrique que l'on avait rencontrés avant-hier. Puis je crève à l'avant, une première ! A Aqaba, en cherchant un hôtel bon marché, les ouvriers d'un bâtiment en construction (ils en sont au 2ème étage) nous invitent à boire le thé. On grimpe dans les gravas pour une pause inhabituelle. Tous sont Egyptiens, c'est même la première chose qu'ils nous annoncent. Ils nous conseillent un petit hôtel, sans charme mais tranquille. On passe l'après-midi à traîner dans la ville après avoir profité de la première douche du séjour.

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Vendredi 27 février : Aqaba - Wadi Rum
Aucun risque de grasse matinée : le muezzin chantonne vers 5h00, et l'hôtel se situe à moins de 50 mètres du minaret. Et on est vendredi. Ca tombe bien, car pour la première fois la route va réellement grimper. On a prévu de remonter vers Amman en prenant la Desert Highway, puis la King's Highway dès que possible. La vallée encaissée dans laquelle nous roulons monte doucement mais sûrement. Comme prévu ce matin, on arrive avant le coucher de soleil à Wadi Rum, LE site naturel le plus impressionnant du pays. Avec ses allures de Monument Valley, ce site protégé accessible uniquement aux 4x4 référencés et aux voyageurs non motorisés nous fait une forte impression immédiatement. On laisse les vélos à Rum, puis on négocie un pick-up pour nous emmener au milieu de nulle part, on se régale du paysage tant qu'on peut, et se couche en plein désert. L'hiver, il n'y a ni serpent ni scorpion, nous a garanti le chauffeur. Quel bonheur de se réveiller en pleine nuit et d'observer le décor...

Samedi 28 février : Wadi Rum - Ras an Nagb
On débute la journée par de la marche, pour rejoindre la ville, récupérer nos vélos. On rencontre un groupe de Français qui revient de 7 jours d'escalade dans Wadi Rum. Puis on reprend le trajet vers le nord. Une crevaison à l'arrière malgré la bande anti-crevaison nous freine dans notre élan. Au moment de notre pause déjeuner, un bédouin routier nous convie à sa table, dissimulée contre les essieux. Il offre thé et poulet cuisiné, on apporte quelques pâtisseries. On se régale, mais on suspecte ce repas d'être à l'origine des troubles digestifs qui se déclencheront demain... Une bonne pente de huit bornes ponctue la journée. La nuit tombe ensuite, et des villages environnants retentissent les aboiements rageurs des chiens, pas toujours enchaînés. On préfère chercher un gite couvert. On tombe sur le maire de Ras an Nagb, qui nous reçoît chez lui sans hésitation. On passe une excellente soirée avec une ribambelle de gamins. On montre des photos, ils sortent leurs cours d'anglais, on rigole beaucoup, on mange bien. Encore une délicieuse soirée.

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Dimanche 29 février : Ras an Nagb - Wadi Musa (Petra)
Le séjour prend une autre dimension à partir d'aujourd'hui. Hélas, c'est notre dernier jour de vélo, même si on ne le sait pas encore. Ce matin, nos jambes flasques peinent pour nous faire parcourir les 40 km qui nous séparent de la ville qui borde Petra. On a bouffé une saloperie, et elle nous le fait savoir. On se pose au premier hôtel de la ville, épuisés. On dort presque sans interruption pendant 24 heures.

Lundi 1 mars : Wadi Musa
Encore une journée de pause, même si la fièvre et la fatigue s'estompent progressivement. L'hôtel est affreusement loin du centre ville, j'en dégotte un autre pour les prochains jours. Je consulte mes mails grâce aux antiquités de l'un des Internet Café de la ville, on se dégourdit un peu les jambes, et le moral revient peu à peu, imité par le regain de forme. Dans une boutique, on rencontre Laurence et Nadège, deux Françaises qui nous conseillent un itinéraire dans le site de Petra. On leur file quelques tuyau sur Wadi Rum.

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Mardi 2 mars : Wadi Musa, visite de Petra
Tôt le matin, on quitte l'hôtel, on charge les vélos, et on descend vers le centre ville vers un autre établissement moins cher, plus propre et surtout plus proche de l'entrée du site de Petra. Sur ce trajet, gros incident mécanique : l'arceau de mes patins de frein Magura se détache en un point, et frotte le pneu alors que je roulais à 35 km/h. Il rape le caoutchouc jusqu'à le trouer sur plusieurs centimètres. Grrr. Impossible de rouler. L'hôtel n'est plus très loin, on finit à pied, mais il n'y a aucune boutique de cycles dans ce village. Le gérant de l'hôtel, qui a justement planifié un aller-retour à Ma'an aujourd'hui, se propose de remplacer le pneu déchiré. Mille mercis, on va visiter Petra sans tracas. 13 JD (16 euros) l'entrée pour deux jours, pour visiter l'attraction touristique du pays. Un décor naturel splendide (un cran en dessous de Wadi Rum à mon goût tout de même), des sculptures dans la roche à une échelle démesurée, des éclairages fantastiques, on comprend vite qu'un voyage en Jordanie impose un passage par Petra. Depuis le 11 septembre 2001, le pays a été quelque peu déserté par les voyageurs, on profite donc du site sans être noyés dans une masse de shorts comme on le craignait initialement. On traverse le célèbre Siq, qui débouche sur le Trésor (LA photo qui illustre tous les guides sur le pays) sans croiser grand monde, Puis, forts des conseils des Françaises, on traverse un canyon sensationnel et totalement dénué de visiteurs. Une journée de marche mémorable.

Petra

Mercredi 3 mars : Wadi Musa, viste de Petra
Petra est un site immense, certains y reste 4 ou 5 jours, on se fixe deux jours pour visiter le site sans se presser. Je n'ai toujours pas mon pneu, le tenancier a reporté son trajet à aujourd'hui. On retourne à Petra découvrir quelques monuments que l'on n'avait pas eu le temps d'explorer hier. Le soir, on dîne à l'hôtel. Un festin pour 3,5 JD (5 euros). Et encore, tout est deux fois plus cher ici qu'à Aqaba. Et le pneu arrive enfin. C'est bien un 28 pouces. Mais il est trop grand pour ma jante !!?? Fichtre. Rien à faire, je ne peux pas le monter. Seule solution : prendre un bus pour Amman, et espérer y trouver un pneu à la bonne taille.

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Jeudi 4 mars : Wadi Musa - Amman
Dès l'aube, on se rend à la gare routière. On négocie deux allers simples pour la capitale, avec les vélos sur la galerie. Les tarifs passent ainsi de 15 JD à 10 JD. Mais au vu de ce que payent les autres passagers, on aurait dû descendre à 5 JD. Le trajet dure 3 heures, le minibus bondé roule prudemment, et nous dépose au sud d'Amman en fin de matinée. On a prévu de se poser dans le quartier de Downtown, bon marché. Ca nous prend deux heures pour le rejoindre, sachant que je dois pousser mon vélo. Une fois l'hôtel trouvé, on fait la tournée des boutiques de vélos, jante en main. Les six premiers n'ont pas ce que je cherche, mais le septième connait l'adresse d'une boutique un peu mieux dotée. Bref, je retrouve un vélo valide seulement en milieu d'après midi. Le départ pour Paris étant après-demain, on n'a guère le temps de faire d'autres excursions cyclistes...

Vendredi 5 mars : Amman
La capitale regorge d'activité. Les klaxons se succèdent sans pause, les commerces débordent sur les trottoirs, tout le quartier que nous visitons ressemble à un immense marché aux puces. On se balade un peu au hasard, avec deux jolies mosquées en points de mire : celle du Roi Abdullah, au magnifique dôme bleu, et celle d'Abu Darwish, construite en briques noires et blanches. On découvre de délicieux jus de fruits pressés (dont le carotte-orange), on achète quelques souvenirs, on flâne...

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Samedi 6 mars : Amman - Queen Alias Airport (Amman)
Le programme de la journée n'est pas très enthousiasmant, il faut rejoindre l'aéroport, donc circuler dans la folie d'Amman. Une légère pluie gâche la corvée. La ville est en pente, les voitures ne respectent pas grand chose, et s'il n'y avait ces commerçants souriants pour nous encourager on se croirait à Paris. Un trou rempli d'eau ressemble à une petite flaque, Virgile se laisse tromper, sa roue avant se bloque, il bascule par dessus, explose la chambre à air et s'offre une grosse frayeur sans grandes conséquences. Chute spectaculaire, admirée par quelques garagistes, qui se précipitent pour réparer la roue et nous proposer un thé citronné. Malheureusement, la chambre à air est trop abîmée par l'accident, et , alors que je viens de récupérer une roue avant fonctionnelle, c'est au tour de mon coéquipier d'être handicapé. Il fait du stop pour les 30 km vers l'aéroport, je termine en pédalant. A 15h on se retrouve là-bas. Notre arrivée est acclamée par la horde de bagagistes rencontrée deux semaines (et 600 km) auparavant. Une longue attente se prépare, l'avion ne décollant qu'à 2h du matin.

Dimanche 7 mars : Queen Alias Airport - Paris
Arrive minuit, et l'ouverture de l'enregistrement pour les passagers vers Amsterdam. L'aéroport d'Amman ne transige pas avec la sécurité, et tout en restant courtois, les officiers de police opèrent une fouille stricte des bagages. Et surtout, ils souhaitent voir les vélos défiler dans le caisson à rayon-X. Les vélos sont hors format, il n'y a rien à faire, ils ne passent pas... Il faut virer la roue avant, ça bloque encore, alors on force un peu... Bref, on perd 1 heure pour avancer de 5 mètres. Viennent ensuite les négociations pour ne pas payer les 80 dollars exigés pour cause de supplément de poids. Le gars perd patience avant nous, ouf, c'est gratuit ! Enfin, les vols nous ramènent à Paris.

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