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Lundi 1 juillet : Paris - Helsinki
Longue première journée. D'abord parce que l'avion pour Helsinki décolle tôt. Ensuite parce que le soleil se couche vers 22h30 dans ces contrées nordiques. Aucun souci d'avion, pas de supplément à payer à SAS pour emmener le vélo, atterrissage vers midi en Finlande. Je me chauffe avec les 25 bornes qui séparent l'aéroport du port. Je suis obligé de prendre un peu l'autoroute : la région est certes bardée de pistes cyclables, mais pêche durement au niveau des indications. La Nordic Jet Line me propulse de l'autre côté du golfe de Finlande, à Tallinn.

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Lundi 1 juillet : Helsinki - Aigrumae
Marrant : le bruit des turbines mélangé avec la techno estonienne reproduit assez fidèlement la voix de Céline Dion. Vers 19h30 je débarque à Tallinn.

Je décide de quitter aussi vite que possible la capitale, je souhaite planter la tente à la campagne. Un retrait de couronnes estoniennes et un achat de carte routière plus tard, je pars vers l'est. Je traverse le pôle chimique de Maardu, relativement moche, puis me faufile dans la verdure et les champs. Aucun problème pour m'installer chez Marika et Elmar Vello (!!). J'y suis le bienvenu, et dîne avec eux. Ils vivent à Tallinn mais logent l'été dans cette petite maison entourée d'un grand jardin. Leurs notions d'anglais suffisent amplement. Un de leur fils vit en France, il a signé pour 5 ans dans la légion étrangère. Nuit apaisante.

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Mardi 2 juillet : Aigrumae - Valgejoe
Quelques nuages accompagnent ma matinée. Je fais un léger détour pour découvrir les plus hautes chutes d'eau du pays, à Jagala Juka : 7,2 mètres, à l'échelle de l'Estonie. Le point culminant ne dépasse pas 400m. Le relief facilite le trajet à vélo, mais accentue un peu la monotonie des paysages non côtiers. J'emprunte des routes en bon état, bien que j'évite le grand axe Tallinn - Saint Petersbourg, trop roulant à mon goût. Je ne rencontre qu'un véhicule toutes les 5 minutes, la balade est franchement agréable. L'Estonie confirme la chaleur de son accueil ce soir. La famille Multer loge dans un ancien kolkhoze. Mart, 12 ans, parle anglais mais son rôle d'interprète ne le satisfait pas. Il préfère regarder Ally Mac Beal et manifeste quelques signes d'énervement quand son père, avide de questions, le sollicite.

Mercredi 3 juillet : Valgejoe - Ulvi
108 km aujourd'hui, malgré une crevaison due à l'usure du pneu arrière. Je triple la chambre à air sur la zone abîmée. Le soleil arrive, et les insectes s'amusent à me pourrir mes pauses. Mouches, moustiques et taons se disputent la vedette. Je m'approche du lac Peipsi qui délimite une partie de la frontière avec la Russie. Le soir, Juri accepte sans sourciller que je plante dans leur jardin, extrêmement bien entretenu, comme la plupart de ceux que j'ai observés. J'ai ensuite droit au fatidique 'tu préfères le thé ou le café ?' qui n'augure que du bon. Maime fait la cuisine, elle me met devant la télé pour patienter. Je découvre ainsi Médicoptère, une série allemande pleine d'inintérêt. Comme ces retraités ne parlent qu'estonien, et accessoirement le russe, ils décident de téléphoner à leur belle-fille pour me poser des questions. Coup de chance, elle habite à Tartu, à 80 km d'ici, et je sympathise avec elle. Je suis invité pour demain soir. Et pour ce soir, on me propose un lit à l'étage à la place de ma tente déjà montée.

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Jeudi 4 juillet : Ulvi - Tartu
J'avais prévu d'éviter Tartu, mais l'invitation d'hier ne se rejette pas. Après avoir longé le lac, mais sans voir la côte russe malgré le beau temps, je double 3 Polonais randonneurs. Ils marchent pendant un mois de Saint-Petersbourg jusqu'à Vilnius en Lituanie, chargés de 20kg de matériel chacun. Puis j'arrive à Tartu, une relativement grande cité de 100.000 habitants, d'où est originaire le célèbre sprinter cycliste Jaan Kirsipuu. Je passe la soirée avec Annelli et son mari, qui parlent tous les deux un bon anglais. On dîne à l'Irish Pub.

Vendredi 5 juillet : Tartu - Hummuli
Annelli est enseignante infirmière et m'emmène ce matin voir l'une de ses stagiaires dans un hôpital peu accueillant, à 70 km de Tartu. L'Etat prend à sa charge le remboursement des frais mais beaucoup d'Estoniens pensent que payer en plus les médecins améliorera leur condition sanitaire. Je quitte Tartu vers midi, et me rapproche de la frontière lettonne dans l'après-midi. Je pose ma tente dans le jardin d'une famille totalement indifférente. Je vis mon seul gros orage cette nuit.

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Samedi 6 juillet : Hummuli - Valga
La route longe la frontière Estonie-Lettonie pendant une dizaine de kilomètres. De simples panneaux expliquent donc qu'il est interdit d'aller au-delà du bas-côté sous peine de franchissement illégal... Je me fais ensuite rattraper par deux Danois qui voyagent sur des vélos couchés. Pelle et son père roulent quelques semaines ensemble ainsi chaque année. On franchit la frontière officielle ensemble, à Valga/Valka. La ville est séparée en deux, ayant été dans l'histoire la seule zone de conflit de limite entre les deux pays. Me voilà en ...

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Samedi 6 juillet : Valka - Inciems
Je déjeune avec les Danois rencontrés en Estonie. On se sépare après, ils roulent plus vite que moi, sur leurs vélos couchés. Mais 30 km après la frontière, je tombe sur deux Français, Henri et Roseline, qui en sont à leur 4ème mois de tour du monde. Ils imaginent le terminer dans 3 ans. Partis de Bordeaux mi-mars, ils redescendent du Cap Nord vers la Méditerranée, d'où ils bifurqueront pour l'Asie. Comme ils se contentent exclusivement de camping sauvage et vivent beaucoup de débrouillardises, leur budget n'est pour l'instant que de 14 francs par jour et par personne, alors qu'ils ont traversé quelques uns des pays les plus riches du monde. On décide de rouler ensemble. Vers 19h, je propose de demander à planter la tente dans un jardin pour changer de l'isolement du camping sauvage.

On tombe sur Janis. Un sacré personnage. Ancien sportif de haut niveau (saut à ski), il se montre extrêmement enthousiaste en nous voyant, et décide que nous passions une très belle première soirée lettonne. La maison qu'il garde est habitée par deux jeunes filles qui ont appris notre langue à l'institut culturel français de Riga. Elles nous conseillent un étang tout proche pour dormir. Janis nous accompagne, avec Vodka, lard et quelques autres surprises qu'il sortira de son sac tout au long de la nuit. On se baigne, on plante, on dîne autour du feu. On rit beaucoup avec ce charmant ami d'un soir, qui pourtant ne s'exprime qu'en letton ou en russe ! Il nous promet de venir nous réveiller le lendemain matin.

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Dimanche 7 juillet : Inciems - Riga
Janis a tenu parole. Toujours aussi bondissant, il est venu à 7h30 prendre le petit dej et nous dire au revoir. Aucun de nous trois n'oubliera Mister Janis Andersons. On part, plein ouest, vers Riga. Autant j'aime rouler seul, autant la compagnie de 2 autres cyclistes, pour une journée, ne me déplait pas. Je trouve, non sans mal, un hôtel dans la capitale. Henri et Roseline restent fidèles à leur ligne de conduite simple et économique. Même en ville : camping sauvage, quitte à squatter les alentours crasseux d'une ligne de chemin de fer. Je ne parviens pas à me détacher autant qu'eux du confort. On passe la soirée dans un joli parc près du centre ville.

Lundi 8 juillet : Riga
Je ne prends mon vélo que pour aller de l'hôtel au centre ville. On se pose dans un Internet Café, le temps de créer une adresse e-mail à mes deux comparses légèrement déconnectés de la modernité. Patatra... le vélo de Roseline est sauvagement chouravé pendant ce court intermède de web. Ses 6 sacoches avec. On parcourt le quartier avec le maigre espoir de tomber sur le voleur. Evidemment en vain. Roseline ne se démoralise pas trop. Elle tenait certes à sa monture, mais elle tient davantage encore à son tour du monde. On passe par le commissariat pour le formalisme de la déposition (4 heures, 8 documents différents !). On y rencontre Sanita, qui joue le rôle d'interprète. Elle est ravie de cette pause dans son harassante journée de Police-Secours. Elle nous invite pour le lendemain à la campagne, chez une amie parlant aussi le français, histoire de nous remettre de la galère vécue à Riga. Roseline retrouve le sourire.

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Mardi 9 juillet : Riga - Ogre
Les deux vélos restant sont mis dans le train pour cette petite bourgade de campagne. Elle a eu son heure de gloire un jour où Lénine, invité à une fête musicale, avait été accueilli par des drapeaux et écussons sur lesquels étaient brodés Lénine et Ogre (le nom de la ville). Ces deux noms accolés et produits par l'administration de l'URSS avaient beaucoup fait rire les francophones et anglophones. Au programme de la journée : repos, cueillette et promenade dans la verdure. On goûte quelques alcools locaux le soir. Bof.

Mercredi 10 juillet : Ogre - Ainazi
Je quitte mes compagnons de route. Roseline a décidé de se racheter un VTT pour poursuivre jusqu'à Varsovie. Elle compte ensuite trouver du matériel mieux adapté à la grande randonnée pour poursuivre le tour de la planète. Je pars vers la mer. Le vent m'aide grandement à faire mes 140 km. En soirée, je double 6 cyclos estoniens, puis croise deux Auxerrois qui se sont fixé trois semaines pour traverser les pays baltes. Je me pose sur une plage paradisiaque, et déserte. La région fourmille pourtant de campeurs. Je profite de ma chance, m'offre une baignade et un dîner à peine perturbé par quelques moustiques.

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Jeudi 11 juillet : Ainazi - Frontière estonienne
Dur de s'arracher à un si beau terrain le matin. Mais la route m'appelle. Je suis à quelques km de la frontière, je retourne alors en Estonie.

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Jeudi 11 juillet : Frontière estonienne - Märjamaa
Juste une journée de route. Heureusement, je croise Beck et Thomas, deux Finlandais qui roulent jusqu'en Roumanie, tout l'été. Puis je fais une pause avec deux Allemands, à vélo couché, qui rentrent à Stuttgart en pédalant. Le reste de la journée est fade et chaud. Je traverse Pärnu, la plus grande station balnéaire du pays, bondée grâce aux 30° proposés par la météo. Un vrai nid à touristes. Même l'accueil ce soir me semble peu jovial, bien que j'aie droit à un bon repas.

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Vendredi 12 juillet : Märjamaa - Tallinn
Je roule jusqu'à Tallinn. Forêts, champ et vent dans le dos me guident jusqu'à la capitale que je n'avais qu'entraperçue à mon arrivée. Je trouve un logement chez l'habitant pour pas cher (19 euros la nuit avec ptit dej), en plein centre ville. Et me voilà à faire le touriste dans cette ville jeune, au magnifique centre historique.

Samedi 13 juillet : Tallinn
Nouvelle journée de tourisme. C'est pas ce que je préfère dans le voyage mais un jour en deux semaines, ça reste supportable. La bière coule à flot dans les nombreux bars du centre. Je n'assiste pas aux excès qui m'avaient été annoncés, si ce n'est une petite bagarre de rue vers 1h00.

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Dimanche 14 juillet : Tallinn - Port de Tallin
Le jour de retour est arrivé. Sans me douter qu'au même instant le président se fait tirer dessus sur les Champs Elysées, j'embarque pour la Finlande.

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Dimanche 14 juillet : Port Helsinki - Aéroport d'Helsinki
Après 90 minutes de traversée, le Very Reverend Chrysostomos, de l'église orthodoxe grecque, suscite mon aide pour porter ses lourds bagages. Ayant du temps avant mon avion, et un vélo pour faciliter l'opération, j'accepte volontiers. On passe l'après-midi ensemble. Il me fredonne la Marseillaise quand je lui annonce qu'aujourd'hui est fête nationale en France. Lui voyage seul aussi, et oscille entre le confort parfois luxueux des grands hôtels et l'hospitalité offerte des églises des villes qu'il traverse. Un an plus tard, avec Dame Sandrine, nous irons le voir dans sa maison près d'Athènes. Aujourd'hui il part à Stockholm en bateau, je rejoins l'aéroport, à 25 km de là. Le kiosque propose Le Monde, ça me fait de la lecture pour la nuit.

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Lundi 15 juillet : Helsinki - Paris
Après une nuit d'aéroport plutôt inconfortable malgré le calme, le retour en avion se passe impec, avec en prime la très spectaculaire correspondance de Copenhague avec vue sur le pont-tunnel entre Danemark et Suède.

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