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Vendredi 27 octobre : Komarno - Pillisszentllek
La frontière avec la Slovaquie à peine franchie, voilà que je me fait réprimander par le douanier hongrois pour lui avoir dit bonjour en slovaque et non dans sa langue. L'office du tourisme nous remet une carte au 1:550 000 ème très lisible. Et l'hôtesse, totalement désoeuvrée en cette période de l'année, nous déconseille la piste cyclable du Danube (Duna en hongrois), soit disant impraticable. On se fie à ses dires, la route offrant un joli paysage. On commence à chercher à se poser vers 17h00, dans de petites montagnes au nord de Budapest. On ne plante la tente qu'à 19h ; les villageois, comprenant assez mal ce qu'on leur demande, nous envoient dans des champs lointains. Finalement, une famille acceptera que l'on s'installe devant chez eux, sur un petit terrain bosselé, mellant sable, terre et cailloux. Après le thé et les sandwichs qu'elle nous offre, on discute longuement pour expliquer que l'on préfère dormir sous la tente plutôt que faire déplacer la grand-mère de chambre pour dormir dans la sienne.

Samedi 28 octobre : Pillisszentllek - Budapest
Nous passons une nuit turbulente, réveillés que nous sommes par tous les animaux du village : chiens, cochons, ivrognes, poules, ... Puis, sans échauffement, on commence par 6 km de montée, auxquels s'enchaîne une fabuleuse descente d'une dizaine de kilomètres. On entre dans la banlieue de Budapest. La voie rapide interdite aux vélos, on hésite sur le chemin à prendre. Intervient Peter, qui se souvient nous avoir croisé dans la matinée. Il fait son parcours de VTT hebdomadaire, et comme il a une maison dans Budapest et qu'il considère que 4000 km, ça mérite un peu de repos, il nous prête une chambre. Le contraste entre ce matin (pas d'eau courante, fosse en guise de WC, poêle à bois) et ce soir se mesure en décennies de progrès.

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Dimanche 29 octobre : Budapest
On gagne une heure de sommeil. C'est malin, il faisait déjà nuit à 18h00, maintenant faudra chercher un logement dès 16h30. Sinon, journée touristique dans le quartier de Pest, rive gauche de la capitale : église St-Etienne (fort logiquement, le prêtre officie en vert), le quartier juif, ... On clôt notre balade par une bonne pause dans les thermes, inévitables ici. Quel plaisir de se baigner fin octobre, à ciel ouvert, dans des eaux à (au choix) 21, 26 ou 30 degrés. De retour à la maison, une dégustation d'alcools locaux, en famille, achève notre week-end.

Lundi 30 octobre : Budapest
Encore un peu de capitale hongroise. On réserve le vol 556 de Malev pour que dame Sandrine rentre sur Paris. Ce retour était prévu depuis 2 semaines mais doit rester une surprise pour ses parents, d'où la non-divulgation de l'information. Une petite douleur au genou, cumulée à un léger besoin de retrouver un confort plus stable, et une dose d'excès de vélo expliquent sa décision. Je m'achète des cartes routières pour la Roumanie et la Bulgarie, à la grande surprise du commerçant qui n'imaginait pas trouver preneur pour ce genre d'articles. Et j'apprends qu'il me faut un visa pour entrer sur le territoire roumain. Donc rdv à l'ambassade demain.

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Mardi 31 octobre : Budapest
Pour le seconde (et dernière fois j'espère), le groupe se divise en deux. Après un passage à l'ambassade roumaine, et un paiement cash de 32$ pour le visa (qui sera prêt demain), direction Ferihegy, l'aéroport de Budapest. L'agent de Malev, sympa, accepte le vélo et le supplément de bagage sans nous faire payer de taxe et surtout sans exiger un démantèlement total du véhicule. Il suffit d'en dégonfler les pneus. Et voilà que je vais remplacer la première personne du pluriel par son homologue au singulier pour le carnet de bord...

Mercredi 1 novembre : Budapest - Gödöllö
Bilan chiffré de dame Sandrine 4117 km parcourus en 76 jours, et je vous épargne la division : 54 km par jour en moyenne. Elle a appris 6 nouvelles langues, le hongrois n'étant pas encore totalement maîtrisé dans toutes ses finesses. Elle aura dormi dans approximativement 60 endroits différents au cours du Paris-Budapest, et aura ingurgité 17 litres de thé, dont la répartition est la suivante : 55% Pologne, 12% production perso, 11% Allemagne, 9% Tchéquie, 7% Slovaquie, 6% divers. 0 crevaison, 1 objet perdu (une casquette, au Pays-Bas), 2 chutes (une en solo à Amsterdam, une par ma faute sur une piste cyclable allemande). Maintenant elle est rentrée.

Je fais l'aller-retour à l'ambassade pour récupérer mon visa, puis termine mon nouvel arrangement de sacoches : je garde mes deux grandes sacoches arrière pour la tente et mes fringues, et j'hérite des deux grandes arrière de dame Sandrine, que je place à l'avant. Celle de droite contient la bouffe et les piles (c'est la sacoche "énergie"), l'autre le reste (sacoche Bronx). Je termine mes 90 km chez Andreas et Ilona, qui m'interdisent de planter la tente et me forcent à loger dans le salon. Et à goûter le vin blanc pressé maison.

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Jeudi 2 novembre : Gödöllö - Ùjhartyan
A peine reparti, un conducteur me fait des signes étranges, puis s'immobilise. C'est François, un Français né Hongrois qui a reconnu le drapeau et m'invite à déjeuner. On reste 4 heures, lui à me raconter les péripéties de sa vie et de l'histoire hongroise, moi à lui décrire mon projet. Et dans la série "Le monde est petit", j'apprends qu'il a vécu à 2 portes (lui au 28, moi au 24 bis) de chez moi, à Boulogne. Le soir tombe vraiment tôt, je mets les phares dès 16h, et m'installe chez une juge. On regarde 'Les Chariots de Feu' en hongrois, elle parle allemand. Bonne soirée. Le seul hic : elle travaille tôt, la nuit va être courte.

Vendredi 3 novembre : Ùjhartyan - Csengö
Réveil à 4h30. Dur. Ca me permet de bien avancer aujourd'hui. Je me contente de petites routes, très agréables car quasiment désertes. Etonnamment, je rencontre quelques refus assez catégoriques, en soirée. Ceux qui m'accueillent, un couple plutôt miséreux, ne restent pas longtemps amicaux. Ils me demandent de l'argent, et s'énervent alors que je tarde à commencer la soupe qu'ils me proposent. Ils me donnent l'impression de comploter quelque chose, en se parlant à voix basse (alors que je ne parle pas le roumain - ils sont roumains). Je me sens mal à l'aise, je décide de partir avec un prétexte quelconque. La véhémence avec laquelle José s'oppose à mon départ me conforte dans l'absence de confiance que je leur portais. Je finis par partir, presque en force, et assez ébranlé par l'événement. Il fait nuit noire et je dois faire une douzaine de bornes pour trouver ma famille sauveuse. Bonne humeur et vins maison (la région est très viticole) me permettent d'oublier l'incident. Je dors pour la première fois seul sous la tente.

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Samedi 4 novembre : Csengö - Tolna
Bonne nuit, mais longue pause de réflexion ce matin. J'ai recensé une dizaine de témoignages alarmants sur la Roumanie et sur sa traversée en solitaire à vélo, et l'embrouille d'hier soir me tracasse encore. Que manigançaient-ils ? Plutôt que de rouler stressé, je change mes plans et décide de prendre plein ouest, direction Paris, toujours à vélo bien sûr. Je ne connais pas encore l'itinéraire, mais j'estime qu'il ne va pas falloir traîner en route. Ca me plaît. Soirée luxueuse dans une belle bâtisse occupée par des Autrichiens.

Dimanche 5 novembre : Tolna - Csoma
Je quitte le petit château après un petit dej pris dans la cave aménagée en bar. Pour parcourir 55 km à vol d'oiseau, je roule en réalité 102 bornes. C'est dire si la route se tortille dans le relief naissant. La météo est étrange : la pluie froide alterne avec un soleil qui remet à la mode le tee-shirt + pull. Je commence à apprendre le vocabulaire croate de base. Soirée (hélas) calme. On me propose une chambre libre dans un hôpital. Je préfère ma tente. Une fois montée, je regrette presque d'avoir laissé passer la première occasion... La famille n'est pas causante, ils se couchent tôt.

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Lundi 6 novembre : Csoma - Berzence
Route plate et même un peu monotone. Je tombe sur un papi ébahi que l'on puisse être aussi chargé à vélo. Il me donne quand même de l'eau. Je dépense mes dernières pièces, en prévision du changement de monnaie demain, et m'arrête dans la ville que je m'étais fixée ce matin, juste avant la frontière. Janas et son mari me préparent un lit, font couler un bain, m'offre à manger, me montrent et me donnent quelques photos de famille (je dois en échange leur en envoyer...). Bref, une nouvelle soirée royale.

Mardi 7 novembre : Berzence - Gola
Ce matin, il faut que je montre à mes hôtes qu'il n'y a plus de place dans mes sacoches, sinon j'aurais eu droit (ordre ?) d'emporter tout leur garde-manger. Il me faut assez peu de temps pour rallier la Croatie.

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